La rue Cases-Nègres ZOBEL Joseph

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Grand classique de la littérature antillaise, dans lequel Joseph ZOBEL, à travers le récit de sa propre enfance, nous décrit la Martinique des années 30, en peignant avec la mémoire du cœur et des blessures, la vaillance, la dureté et la tendresse des descendants d'esclaves acharnés à bâtir pour leurs enfants un pays plus libre et plus généreux.

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" Quand la journée avait été sans incident ni malheur, le soir arrivait, souriant de tendresse.
D'aussi loin que je voyais venir m'man Tine, ma grand-mère, au fond du large chemin qui convoyait les nègres dans les champs de canne de la plantation et les ramenait, je me précipitais à sa rencontre, en imitant le vol du mansfenil, le galop des ânes, et avec des cris de joie, entraînant toute la bande de mes petits camarades qui attendaient comme moi le retour de leurs parents. M'man Tine savait qu'étant venu au-devant d'elle, je m'étais bien conduit pendant son absence.
Alors, du corsage de sa robe, elle retirait quelque friandise qu'elle me donnait : une mangue, une goyave des icaques, un morceau d'igname, reste de son déjeuner, enveloppé dans une feuille verte ; ou, encore mieux que tout cela, un morceau de pain. Derrière nous apparaissaient d'autres groupes de travailleurs, et ceux de mes camarades qui y reconnaissaient leurs parents se précipitaient à leur rencontre, en redoublant de criaillerie ".
Ainsi commence la Rue Cases-Nègres, ce grand classique de la littérature antillaise, dans lequel Joseph ZOBEL, à travers le récit de sa propre enfance, nous décrit la Martinique des années 30, en peignant avec la mémoire du cœur et des blessures, la vaillance, la dureté et la tendresse des descendants d'esclaves acharnés à bâtir pour leurs enfants un pays plus libre et plus généreux.

Joseph Zobel, né le 26 avril 1915 à Rivière-Salée (Martinique) et mort le 17 juin 2006 à Alès


Élève brillant, soutenu par l'amour inconditionnel de sa grand-mère et aussi de sa mère Acelia qui est forcée de travailler comme nourrice dans une famille de Blancs à Fort de France, le jeune Joseph Zobel obtient une bourse modeste lui permettant de poursuivre ses études jusqu'au baccalauréat. Lycéen, il quitte Petit-Bourg pour rejoindre sa mère, Man Celia, à Fort-de-France.


Joseph Zobel tirera de ses souvenirs d'enfance la matière du roman La Rue Cases-Nègres, classique de la littérature publié pour la première fois en 1950. Le titre recevra le Prix des Lecteurs et connaîtra une certaine renommée. Il est jusqu'à aujourd'hui étudié par les collégiens.


Bachelier, le jeune Joseph Zobel voit ses rêves d'études d'architecture à Paris brisés par l'administration coloniale. Aucune bourse ne lui est accordée, alors que ses ressources sont inexistantes. Un premier emploi au service des Ponts et Chaussées le fait vivre dans les villages du Diamant et du Saint-Esprit, au Sud de la Martinique. Au contact des pêcheurs du Diamant, il découvre un mode de vie différent, quoique empreint des valeurs du monde rural qu'il a connu à l'intérieur des terres.


La Seconde Guerre mondiale, imposant un blocus aux Antilles Françaises, interdit tout projet de départ vers l'Hexagone. Joseph Zobel travaille alors comme aspirant répétiteur puis maître d'internat au Lycée Schoelcher. Les aspirations artistiques de Joseph Zobel trouvent à s'exprimer dans quelques nouvelles qu'il fait lire à ses amis. Un professeur d'éducation physique et sportive portera les textes au journal Le Sportif, qui les publiera avec un certain succès populaire. Le public martiniquais apprécie que, pour la première fois, un auteur mette en scène ses us et coutumes, sans pour autant céder à un exotisme facile. Joseph Zobel s'inscrit alors dans le courant de la littérature régionaliste ou « de terroir ».


Aimé Césaire, jeune agrégé de lettres enseignant dans le même lycée, apprécie les premières nouvelles de Zobel et l'encourage à écrire un roman. S'inspirant de son expérience dans le village de pêcheurs du Diamant, Joseph Zobel écrit en 1942 Diab'-là, l'histoire d'un paysan qui décide de conquérir sa liberté par le travail de la terre, auprès d'une communauté de pêcheurs dont il partage la vie. La Martinique étant gouvernée par l'Amiral Robert, représentant autoritariste du Gouvernement de Vichy, le roman est censuré et ne sera finalement publié qu'en 1947.


Profitant d'un congé administratif, Joseph Zobel rejoint Paris en 1946 pour reprendre ses études. Suivant des cours de littérature, d'art dramatique et d'ethnologie à la Sorbonne, il est en même temps professeur adjoint au Lycée François Ier de Fontainebleau.


Installé à Fontainebleau avec son épouse et ses trois enfants, Joseph Zobel consacre les années 1950 à une activité littéraire intense, publiant outre La Rue Cases-Nègres les romans Les Jours immobiles, La Fête à Paris. En plus de ses romans, Joseph Zobel écrit des poèmes qu'il déclame dans divers festivals en France, en Suisse et en Italie.


En 1957, porté par son désir de connaître l'Afrique, Joseph Zobel profite de ses nombreuses relations parmi les Sénégalais de Paris et est recruté par le Ministre sénégalais de l'Éducation, Amadou Matar M'bow, comme directeur du collège de Ziguinchor (actuellement Lycée Djignabo) en Casamance. Installé finalement à Dakar comme surveillant général du lycée Van Vollenhoven, il devient quelques années plus tard producteur d'émissions éducatives et culturelles à la Radio du Sénégal, dont il crée le service culturel. Les émissions de Joseph Zobel seront écoutées dans toute l'Afrique Occidentale Francophone. Quelques anecdotes de sa vie dakaroise sont relatées dans les recueils de nouvelles Mas Badara (1983) et Et si la mer n'était pas bleue(1982).


Installé dans le village de Générargues (proche d'Anduze, dans le Gard) depuis sa retraite en 1974, Joseph Zobel a poursuivi son travail littéraire de façon originale en réécrivant ses romans : Les Jours immobiles devenant Les Mains pleines d'oiseaux et La Fête à Paris devenant Quand la neige aura fondu.


En 1995, Joseph Zobel publie à compte d'auteur d'Amour et de Silence, un livre d'art combinant poèmes inédits, extraits de son journal personnel et aquarelles.


Les deux derniers livres de Joseph Zobel ont été publiés en 2002 : Gertal et autres nouvelles rassemble cinq nouvelles inédites et des extraits de son journal, tenu de 1946 à 2002 ; Le Soleil m'a dit rassemble son œuvre poétique complète.


Joseph Zobel ne semble pas avoir reçu des milieux universitaires et littéraires l'attention réservée aux auteurs du mouvement de la Créolité (Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant, Ernest Pépin et Jean Bernabé).


Cependant, une analyse objective des thèmes et des procédés de ses premières œuvres révèle pourtant qu'il peut être identifié comme un des précurseurs de la Créolité, d'une part du fait de la simple vertu de son projet d'expression de l'âme populaire martiniquaise, et d'autre part par certains procédés de langage apparaissant dans Diab'la et La Rue Cases-Nègres.


Un exemple de ce fait est le prologue du roman Diab'la (1942), qui se présente comme une conversation ou une ébauche de narration orale. Le procédé empruntant tant à la littérature écrite qu'à l'oralité créole est marqué au coin de ce que les promoteurs de la Créolité appellent « oraliture ».


Par ailleurs, l'originalité de certaines tournures, inspirées du Créole, a empêché que son roman La Rue Case Nègres ne soit publié en 1950 aux Éditions Albin Michel. Les versions successives du texte ont atténué le parti pris originel.


Ecrivant dans une langue de facture classique, Joseph Zobel a su donner à ses textes une puissance d'évocation qui explique que ses romans soient aujourd'hui considérés comme des classiques de la littérature martiniquaise.




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