Mamby Sidibé (1891-1976), originaire de Niaméfé dans le cercle de Kita, est une figure majeure de l’histoire et de l’ethnographie maliennes. Après une formation à l’école des fils de chefs de Kayes puis à l’école normale de Saint-Louis au Sénégal, il exerce comme instituteur dans plusieurs villes d’Afrique-Occidentale française. Engagé dès 1931 dans la vie culturelle et politique, il fonde en 1937 l’Association des lettrés du Soudan, espace de débats intellectuels entre futurs leaders de l’indépendance. Muté à Bandiagara en raison de ses activités, il rejoint ensuite l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) et dirige le centre de recherche à Niamey, où il préside aussi le Comité d’études franco-africaines et la section nigérienne du Rassemblement démocratique africain. Élu conseiller territorial à Kita de 1952 à 1957, il se retire ensuite de la politique. Parallèlement, Sidibé mène une importante activité de recherche ethnographique et historique, publiant de nombreux articles et ouvrages, notamment ses Contes populaires du Mali. À partir de 1959, il contribue activement à la construction du récit national malien, notamment par ses articles dans L’Essor, valorisant l’histoire des royaumes ouest-africains et réinterprétant l’Empire du Mali comme un modèle politique et culturel en rupture avec les clichés coloniaux. Conseiller culturel dans les années 1960, il joue un rôle clé dans la diffusion de la mémoire nationale jusqu’à sa retraite en 1972, recevant plusieurs distinctions honorifiques pour son engagement intellectuel et patriotique.