Né le 15 mai 1912 à Kiyanza, dans l’actuel district de Rulindo au Rwanda, Alexis Kagame fut un intellectuel rwandais de premier plan : prêtre catholique, philosophe, historien, linguiste, poète et professeur. Issu du clan des Abasinga, il reçut d’abord le nom de Basebya, en hommage à un résistant exécuté le jour de sa naissance, avant d’adopter celui de Kagame. Entré au catéchuménat à 12 ans, il poursuivit sa formation au séminaire de Kabgayi, où il se distingua par ses talents exceptionnels. Ordonné prêtre en 1945, il entama une brillante carrière d’enseignant, de chercheur et de rédacteur, tout en publiant ses premiers écrits dans le journal Kinyamateka. En 1952, il fut envoyé à Rome, où il soutint une thèse de doctorat en philosophie intitulée La philosophie bantu-rwandaise de l’être, jetant les bases d’une pensée africaine autonome articulée dans les catégories occidentales. Il enseigna dans de nombreuses institutions au Rwanda et à l’étranger, tout en produisant une œuvre prolifique en kinyarwanda et en français : plus de 70 livres et une centaine d’articles, abordant la philosophie, la culture, la langue et l’histoire rwandaise. Figure majeure de la sauvegarde du patrimoine oral royal, il joua un rôle décisif dans l’historiographie du pays, bien que sa légitimité comme historien ait suscité des débats. Son œuvre poétique, souvent encore manuscrite, revisite les formes traditionnelles pour en élargir les thèmes, mêlant engagement, spiritualité et quête identitaire. Malgré son identification à la noblesse tutsi, Kagame conserva le respect de toutes les composantes de la société, en grande partie grâce à la profondeur et à la rigueur de sa pensée. Il reçut plusieurs distinctions, dont la médaille de l’ordre national des Grands Lacs. Il meurt à Nairobi le 2 décembre 1981, laissant un héritage intellectuel majeur pour le Rwanda et pour l’Afrique.