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Éditions Gallimard Collection Poésie
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Avec ses amis Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, Léon Gontran Damas est considéré comme le troisième «père fondateur» du mouvement de la négritude.
L'œuvre poétique de Léon Gontran Damas exprime, clame, revendique un profond sentiment d'appartenance raciale, mais sans éclats lumineux ni accents triomphants. Le malaise existentiel de l'être noir est ici un mal-être torturant qui ne connaît de répit que dans la dérision et la lucidité conquise d'une parole directe, en crochets courts et uppercuts dirait-on, puisqu'elle adopte souvent un rythme de boxeur au combat. Black-Label, le long poème lamento de Damas, est devenu au fil des ans comme l'hymne blessé de l'âme nègre. Là, les désirs, les frustrations, les errements de l'âme d'Afrique surgissent en plaintes, chansons, rêveries et révoltes. Les mots qui déferlent chez Damas ont un goût de sang fauve, une pulsion de sang noir qui mêle la fureur au désenchantement.
Léon-Gontran Damas naît en Guyane en 1912. Ce jeune « mulâtre » issu d’un milieu social aisé arrive en Martinique en 1924, où il est le condisciple d’Aimé Césaire. En 1928, il part pour la France et devient interne au collège de Meaux. L’année suivante, il entame des études de droit puis de langues à l’École des langues orientales de Paris, où il apprend le baoulé, le russe et le japonais. C’est au Quartier latin qu’il rencontre Senghor et retrouve Césaire, avec qui il fonde le mouvement de la Négritude.
En 1938, il publie Retour de Guyane, suite à une mission d’enquête qu’il a menée dans son pays natal, à la demande du musée d’ethnographie du Trocadéro. Le livre sera censuré en 1939, pour la véhémence de sa dénonciation des élites guyanaises et des processus d’assimilation. Damas reçoit deux grands faisceaux d’influence : d’une part, le surréalisme, et plus particulièrement Robert Desnos, qui a préfacé son recueil de poèmes intitulé Pigments, réédité chez Présence Africaine en 1962; d’autre part, la culture négro-africaine, incarnée notamment par Claude McKay, Langston Hughes et les plus grands instrumentistes de jazz comme Louis Armstrong ou Duke Ellington.
Il s’engage dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, et il est élu député de Guyane de 1948 à 1951. Il assume ensuite des fonctions d’ambassadeur culturel, ce qui l’amène à multiplier les voyages, et sa priorité consiste à défendre la culture noire. En 1956, il publie son ouvrage majeur, Black-Label, chez Gallimard. Il devient consultant auprès de l’UNESCO à partir de 1964 jusqu’en 1970. Parallèlement, son rayonnement en tant que conférencier est considérable aux Etats-Unis, au Canada et dans les Antilles. En 1970, il reçoit le Prix Littéraire des Caraïbes pour l’ensemble de son œuvre.
Léon-Gontran Damas fut peut-être le moins théoricien des intellectuels de la Négritude, mais il « vivait en plus nègre qu’eux », selon le mot de Senghor. Son œuvre incarne la Négritude en action, en sentiment, elle fait chanter l’âme nègre au rythme du jazz et d’images éblouissantes. Césaire dit encore à propos de lui : « il est là, le grand hoquet nègre ».